L’industrie alimentaire contrainte de changer ses habitudes face à l’inflation.

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La crise sanitaire consécutive à la propagation du coronavirus a eu un impact inédit sur le comportement alimentaire de plus de trois quarts des consommateurs dans le monde, notamment en France. L’inflation va elle aussi induire de nouvelles attitudes et miner le pouvoir d’achat. Face à cette situation alarmante, les acteurs de l’industrie agro-alimentaire sont contraints de changer leurs habitudes.

L’agroalimentaire est l’un des domaines industriels les plus importants en France. Son impact sur l’économie nationale est non négligeable. Il suffit de regarder les chiffres : le secteur est évalué à plus de 370 milliards d’euros. Toutefois, pour que l’industrie alimentaire continue à bien se porter, les entreprises et grands groupes doivent, dès aujourd’hui, repenser son système et modifier son offre.

Quid du secteur agro-alimentaire en France ?

Le secteur de l’agroalimentaire en France est essentiellement confronté à la hausse des prix des produits sur le marché. Cette hausse est en parti dû à des facteurs aggravants tels que :

  • le coût des intrants  pour le secteur agricole (électricité, carburant, engrais)
  • la baisse des rendements agricoles liée au changement climatique
  • la COVID-19
  • Et récemment la guerre en Ukraine ayant impacté et limité drastiquement l’approvisionnement en denrées alimentaires de base (blé, orge…) 

La dernière étude des experts Allianz Trade soutient que « les dépenses annuelles alimentaires des français pourraient croître de +224 euros par personne en 2022« .

Rayons vides dans un supermarché à cause des problèmes d'approvisionnement

L’impact sur les consommateurs.

À l’heure actuelle l’inflation et la hausse des prix des denrées alimentaires agricoles et des matières premières n’ont pas eu d’impact sur le prix des ventes pratiqués par la grande distribution. Pourtant, une hausse de +14% du prix des industriels du secteur agro-alimentaire a déjà été enregistrée. Les prix des produits alimentaires ont, eux, augmenté de 6%. Concrètement, le pire est à venir.

Ainsi, près 50% de l’inflation des prix des denrées alimentaires s’est répercutée sur les prix auxquels sont vendus les produits aux ménages ou consommateurs finaux. Bien qu’il s’agisse d’une « situation transitoire », tôt ou tard, les prix pratiqués par les acteurs de la grande distribution alimentaire finiront par refléter la hausse des coûts des matières premières en amont. Bien entendu « pour le consommateur final, le prix moyen du panier va continuer d’augmenter » explique Aurélien Duthoit.

Cette situation, avec des volumes de ventes en recul et une inflation particulièrement forte, a une répercussion notable sur les distributeurs, et par effet domino, sur les consommateurs.

Rayon fruits et légumes chez un distributeur alimentaire

L’impact sur les distributeurs.

En effet, la rentabilité des distributeurs alimentaires européens est sous pression. Ces derniers n’auront d’autre choix que de répercuter cette hausse de coûts sur leurs prix de ventes tout en préservant leurs parts de marché, dans ce secteur très concurrentiel. Ils pourront répercuter jusqu’à 75% sur leurs prix de ventes finaux et croître de +9,4% en 2022. Dans ce contexte, « les prix des distributeurs alimentaires en France pourraient croître de +8,2% et les dépenses alimentaires annuelles des consommateurs de +224 euros par personne rapport à 2021, pour atteindre 2963 euros« , Allianz Trade.

La conséquence immédiate risque d’être une baisse de la demande sur les produits les plus onéreux, comme le bio ou le local.

La déconsommation en marche !

Pour les spécialistes de l’alimentation, les temps sont mouvementés. L’industrie agro-alimentaire doit réinventer ses modèles conformément aux comportements alimentaires des consommateurs : « Produire pour 10 milliards de personnes de la qualité, du durable, du socialement responsable et de l’accessible« , affirme Nicolas Trentesaux, le directeur général du SIAL (Salon international de l’Alimentation).

En effet, les consommateurs d’aujourd’hui sont nombreux à se soucier de la provenance des aliments et du processus de production. La tendance est au manger sain voire bio car une alimentation variée est souvent associée à un bien-être mental. D’ailleurs, beaucoup font déjà le pas de changer d’habitude alimentaire.

Halle gourmet à Nice

Les nouvelles générations privilégient la santé, le bien-être et la naturalité !

Dans les années 50, le secteur agro-industriel a connu de réels changements avec l’arrivée et l’expansion des hypermarchés et de la consommation de masse. Mais depuis quelques années, les modes de consommation changent. Les nouvelles générations privilégient les produits labellisés et de qualité. Pour cela, les entreprises évoluent et l’industrie agroalimentaire doit :

  • Consolider pour satisfaire un consommateur de plus en plus averti;
  • Assurer la sécurité alimentaire en relevant le défi de génération de valeur;
  • Rester compétitif en innovant sur tous les canaux de la chaîne de la demande notamment en ce qui concerne les produits naturels et bio. 

Augmentation de la demande des consommateurs pour des produits de qualité, sûrs et traçables, volatilité des prix, marché en constante évolution, concurrence féroce, augmentation du coût des intrants,… Les entreprises évoluant dans le secteur agroalimentaire doivent savoir gérer une quantité considérable de variables et un équilibre précaire.