PLV écologique : une urgence environnementale

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Inquiétées par l’ampleur de la crise écologique, certaines entreprises ont décidé d’agir en s’engageant pour la préservation de l’environnement. Après avoir repensé leurs emballages et amélioré la conception de leurs produits, elles s’attaquent désormais à l’un des problèmes majeurs du secteur : la Publicité sur le Lieu de Vente. D’une importance capitale pour la communication des marques, la PLV permet notamment de réaliser des ventes spontanées, et détermine souvent le choix final des consommateurs. Les annonceurs sont bien conscients du retour sur investissement qu’elles représentent aussi, en 2017, c’est 1,254 million d’euros qui étaient injectés dans le domaine. 

Éphémères, rarement réutilisables, et généralement non recyclables, les supports de PLV sont une véritable catastrophe, environnementale et économique, contre laquelle les entreprises tentent de lutter. Ainsi, Le Groupe de Travail Parfumerie Sélective de L’Institut du Commerce a conçu un guide de recommandations communes, disponible en ligne, qui offre des conseils et des méthodes pour améliorer le secteur. La solution semble se trouver dans l’analyse des PLV, qui permettra, à terme, de s’orienter vers de meilleures conceptions.  

Sommaire

Analyse du cycle de vie d’une PLV 

Pour dégager des pistes d’écoconception, il est intéressant de réaliser une ACV sur les supports physiques de PLV. 

Qu’est-ce que l’analyse de cycle de vie ?

L’analyse de cycle de vie est un outil normalisé grâce auquel on peut quantifier et évaluer l’impact d’un produit ou d’un service sur l’environnement. Ce dispositif, scientifiquement confirmé, est défini à l’international selon la norme ISO (14 040 à 14 043). Il possède donc son propre code déontologique ainsi que d’une méthodologie rigoureuse.

Sa fiabilité se base sur deux axes. Le premier est la considération de l’ensemble des étapes du « cycle de vie » : depuis la récupération des matières premières, physiques et énergétiques, jusqu’aux procédés d’éliminations, lorsque la PLV devient hors-service. Ainsi, il faut prendre en compte la fabrication, la distribution, les transports, les systèmes de collecte et de traitement des déchets, mais aussi calculer l’usage qui sera fait du produit (20 % des PLV conçues ne sont jamais utilisées). 

Le second axe est celui de l’analyse « multicritères » des flux entrants et sortants. L’ACV inclut dans son étude, toutes les informations concernant les ressources et énergies qui participent à la confection, mais également tous les éléments qui découlent de la « vie » du produit. Ces flux sont ensuite quantifiés, à chaque phase, et utilisés comme des indicateurs d’impacts environnementaux potentiels, qui permettront enfin de dresser un bilan final. 

Les spécificités du cycle de vie d’une PLV : l’exemple de L’Oréal Luxe France

L’aspect « éphémère » des PLV, qui servent souvent à mettre en avant des offres ou des produits limités dans le temps, pose un problème majeur. Elles sont renouvelées si fréquemment que leur durée d’utilisation est estimée à 15 jours. La quantité de détritus engendrés par ce système de publicité représente 6 % du volume de carton et 11 % des métaux, plastiques et bois de la distribution, soit à peu près 100 000 tonnes de déchets par an. 

Conscients des dégâts provoqués sur l’environnement par une telle industrie, L’Oréal Luxe France, en coopération avec Sephora, à décider de se lancer dans une ACV de ses PLV. Avec l’élan du POPAI, la marque, déjà engagée via son programme de développement durable « Sharing Beauty With All« , a étudié l’une de ses PLV phares : l’extension de gondole (EDG). 

Cycle de vie d’une extension de Gondole – Source : https://www.popai-ecoconception.fr/

L’ACV a permis de prioriser 6 indicateurs d’impacts sur l’environnement répartis sur toute la durée de vie de l’EDG. Les acteurs sont désormais en possession d’une liste des 7 éléments responsables de plus de 80 % de la totalité des dégradations environnementales. 

Grâce à ses informations, L’Oréal a pu mettre en place 2 axes d’écoconception, retenus sur les 27 pistes proposées. Le premier est l’abandon des aimants de fixations, la durée de vie du produit passe alors de 2 semaines à 6 mois. Le second est l’allègement de 700 g de l’EDG, en réduisant notamment l’emballage de 500 g, pour un gain final de 1,2 kilo de cartons par PLV. 

L’écoconception, le processus d’amélioration continue

Se tourner vers l’écoconception, c’est adopter une démarche positive pour l’environnement en prenant en compte les facteurs de risques dès l’élaboration du produit ou du service. 

10 critères de l’écoconception de PLV 

Dans le domaine de la PLV, il existe 10 indications à suivre pour adopter une démarche écoresponsable. 

  1. Optimiser les flux entrants 
  2. Réfléchir à un meilleur usage de la matière 
  3. Utiliser des matières recyclées ou labellisées
  4. Privilégier les matériaux recyclables
  5. Penser la PLV en fonction de sa durée de vie
  6. Optimiser les emballages (taille réduite, poids alléger…)
  7. Améliorer la logistique client 
  8. Réduire les besoins énergétiques de la PLV sur le lieu d’installation
  9. Prendre en compte la fin de vie (élimination des déchets, recyclage…)
  10. Considérer l’aspect « humain » (meilleures conditions de travail, réduction du poids pour les transporteurs, matériaux moins nocifs…)

Quels sont les avantages d’une PLV verte écoconçue ?

Au-delà des bienfaits environnementaux, opter pour la PLV verte, a également des retombées positives pour l’entreprise : 

Amélioration de la qualité et du design des PLV

Penser différemment certains présentoirs permet de s’assurer qu’ils seront aussi attirants en fin de vie que lors de leur mise en place en magasin. Par exemple, RC a repensé sa tête de gondole pour Guerlain, en la rendant modulable. Ainsi, quand un ruban (esthétique, lié à un produit) est épuisé, il est possible de le changer indépendamment des autres. Avec ce système le gâchis est limité et les échantillons peuvent être renouvelés en permanence. Améliorer la qualité signifie aussi augmenter la durée de vie. Une palette display réutilisable, pensée par Chep, dure 14 fois plus longtemps qu’une palette en bois classique.

Devancer la réglementation

À la vitesse où se dégrade notre environnement, nous devons agir rapidement. Dans cette optique, les changements réglementaires sont fréquents. Dernièrement, on peut citer la loi du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (réduction des déchets, suppression totale du plastique jetable…). 

Compenser la hausse du coût des énergies

Opter pour l’écoconception signifie aussi tenter de diminuer le coût énergétique de la PLV sur l’ensemble de son cycle de vie. Il est donc possible de réaliser des économies sur le long terme d’autant plus si sa durée d’utilisation a été optimisée. De cette façon, Sephora est parvenue à abaisser de 50 % la consommation en énergie de ses présentoirs de sol stockeur, en les faisant fonctionner en sous-alimentation. 

Réduire les coûts de fabrication

L’écoconception prône le concept de monomatériau, qui facilite le recyclage du produit final. Le plastique ou le métal peuvent, par exemple, être remplacés par le carton en nid d’abeilles. À la confection l’idée est donc d’employer moins de matières premières, mais également d’utiliser moins d’énergie et d’éviter le gâchis. Interparfums réalise ainsi 30 % d’économie de carton grâce à son meuble de sol modulable : une seule structure solide sur laquelle viennent se greffer des habillages en carton.

Donner une meilleure image de la marque : écoresponsable et engagée

Même si le coût des matériaux respectueux de l’environnement tend à se réduire, et que les économies réalisées à long terme participent à amortir le budget, l’estimation du prix d’une PLV verte est de 10 % à 15 % supérieur à celui d’une PLV basique. Mais cet investissement peut aussi être utilisé pour la communication de la compagnie. L’image de la marque est ainsi améliorée auprès des clients qui ont tendance à se tourner de plus en plus vers les systèmes de consommation écoresponsables. 

Impliquer son entreprise dans la lutte contre le changement climatique

Pour préserver l’environnement, il est important que tous les acteurs, de tous les secteurs, s’engagent sur la voie du développement durable et de l’écoresponsabilité.

Quelques bonnes pratiques d’une PLV verte

Bien que chaque support ait ses particularités, certaines méthodes d’écoconception sont valables pour la plupart des modèles de PLV : 

  • Opter pour une fabrication « monomatière » qui facilite le recyclage de la PLV en fin de vie. 
  • Choisir des matériaux plus respectueux : issus de produits recyclés, ou disposant de labels, qui reconnaissent leurs qualités écologiques. L’Algopack, par exemple, offre une alternative 100 % naturelle au plastique, grâce aux Algues brunes, elles-mêmes respectueuses de la Biodiversité, pour créer des produits entièrement compostables. 
  • Ne plus employer d’éléments toxiques, pour l’environnement ou pour ceux qui les manipulent (colles, adhésifs…).
  • Pour les impressions, privilégier les encres biodégradables : végétales ou aqueuses.
  • Se tourner vers les nouvelles technologies pour la conception. Ainsi, la réalité augmentée permet de créer des prototypes numériques, en 3D, qui sont tout aussi viables à étudier que les constructions « physiques ».
  • Affiner les produits et leur packaging : un gain de matière, de place et de transport.

Sensibiliser son entreprise à l’écoconception de ses PLV est nécessaire. Cette démarche s’inscrit dans une logique de développement durable, véritable garant de l’environnement de demain.